A Lione la mostra “Pasolini, una vita violenta” per la cura di Michel Chomarat

Presso la Biblioteca Municipale di Lione, in Francia, dal 29 marzo (durata fino al 10 agosto 2016) è in corso a ingresso libero la mostra Pasolini, una vita violenta, che, per la cura di Michel Chomarat,  bibliofilo, editore e grande appassionato dell’opera e della figura di Pasolini, espone libri, riviste, manifesti e fotografie, articolati in un percorso di 14 tappe e intorno a quattro snodi tematici.
Dal sito della Biblioteca riprendiamo la scheda descrittiva della mostra predisposta dal curatore, cui aggiungiamo la recensione di Quentin Girardon apparsa su www.heteroclite.org del 31 maggio 2016.

Exposition “Pasolini, una vita violenta” à Lyon
par Michel Chomarat, Commissaire d’exposition

www.bm-lyon.fr/Pasolini-una-vita-violenta

40 ans après son assassinat, la Bibliothèque Municipale tenait à rendre hommage à Pier Paolo Pasolini, l’un des plus grands poètes, écrivains, et réalisateurs italiens du XXe siècle. Personnage aux multiples facettes, il n’a cessé de se questionner et de questionner la société dans laquelle il vivait jusqu’à en mourir tragiquement. Pour répondre à ces différentes interrogations, c’est sa quête d’absolu et de spiritualité qui a été privilégiée dans le cadre de l’exposition intitulée “Pasolini, una vita violenta“, qui reprend le titre de son ouvrage publié à Rome en 1959 chez Garzanti.
Se revendiquant comme marxiste, Pasolini voyait néanmoins le monde sous un angle sacré et plusieurs de ses films répondent à cette affirmation notamment “L’Évangile selon Saint-Matthieu“, qui obtient le Grand Prix de l’Office Catholique du Cinéma en 1964. A ce titre, la scénographie qui a été retenue, rappelle le chemin de croix de la Passion du Christ en 14 stations, car Pasolini, à chaque moment de son existence, n’a cessé d’être poursuivi, vilipendé, injurié, menacé, pour à la fin, être assassiné sur un terrain vague à Ostia. Depuis, comme l’a écrit le philosophe Félix Guattari, “Piétiné dans la boue, son regard d’une extraordinaire lucidité, ne nous a cependant pas quittés…“.
Oui, la vie de Pasolini a été violente, très violente. De la mort de son jeune frère Guido, résistant, assassiné en 1945 par des partisans de Tito, à son père Carlo Alberto, acteur du lynchage et de la pendaison à Bologne d’un jeune anarchiste de 15 ans pour avoir attenté à la vie de Mussolini, son existence a été aussi rythmée par les nombreux procès et diverses polémiques qui surgissaient pratiquement à chacun de ses films ou romans. Face à ce climat de violence, sa mère Susanna, sera tout au long de sa vie – de sa naissance à sa mort – la complice apaisante et la confidente toujours aimante ; et ce n’est pas un hasard si elle interprète Marie, la mère du Christ, dans le film “L’Évangile selon Saint-Matthieu“, réalisé par son propre fils Pier Paolo… A travers de nombreux documents inédits (livres, revues, affiches, photos…), l’exposition “Pasolini, una vita violenta” tente aujourd’hui d’apporter un nouvel éclairage sur une vie et une œuvre, à la fois exigeantes et complexes, qui continuent à nous questionner et à nous interpeller au quotidien.

"Pasolini, una vita violenta". Mostra a Lione
“Pasolini, una vita violenta”. Mostra a Lione

Michel Chomarat célèbre Pier Paolo Pasolini à la BM de Lyon
par Quentin Girardon

www.heteroclite.org – 31 maggio 2016

Quarante ans après  l’assassinat de Pier Paolo Pasolini, Michel Chomarat rend hommage à l’un des plus grands écrivains, poètes, et réalisateurs italiens du XXe siècle.
Dans le cadre de l’exposition Pasolini, una vita violenta (dont le titre reprend celui d’un des ouvrages de Pier Paolo Pasolini), le collectionneur et bibliophile Michel Chomarat a privilégié le medium de la photographie pour revenir sur ce personnage énigmatique, toujours en quête de spiritualité. Fils d’un officier fasciste et d’une mère résolument opposée aux idées de son mari, cet auteur inclassable n’a cessé, sa vie durant, de lutter contre le conformisme social et de dénoncer l’acculturation qui en découle.
Longtemps incompris du grand public, Pasolini réalise en 1968 Théorème, un film qui contribue à élargir sa renommée. Comme un écho nécessaire aux événements de Mai 68, il y remet en cause de nombreuses structures et schémas traditionnels profondément ancrés dans nos sociétés : la famille, la religion ou encore la sexualité. Traitant cette dernière sous toutes les coutures et sans aucune retenue, il est incriminé plusieurs fois pour atteintes aux mœurs. Mais Pasolini ne cesse de défendre sa démarche artistique et explique que, dans ses films, «le rapport érotique est toujours symbolique et jamais réaliste». Lors de sa présentation à Lyon, Théorème est violemment critiqué par Louis Chauvet – journaliste au Figaro – si bien qu’il n’est projeté que dans une seule salle : Le Duo. Par la suite, les critiques cinématographiques seront plutôt bienveillantes et salueront «le film le plus controversé de l’année».

"Pasolini, una vita violenta" a Lione
“Pasolini, una vita violenta”. Mostra a Lione

Outre la sexualité souvent crue et lascive qu’expose ses œuvres, l’artiste reste hanté par la violence de son enfance, durant laquelle son père participe au lynchage d’un jeune anarchiste ayant tenté d’assassiner Mussolini. En 1945, il perd brutalement son frère cadet âgé de dix-neuf ans, victime d’un massacre de résistants catholiques par des partisans communistes. Les œuvres de Pier Paolo Pasolini reflètent cette agressivité et cette brutalité qui le poursuivent tout au long de sa vie, jusqu’à la nuit du 1er au 2 novembre 1975, durant laquelle il est tragiquement assassiné par un jeune prostitué sur la plage d’Ostie.
L’exposition qu’accueille la Bibliothèque municipale de Lyon retrace la vie de cet homme engagé à l’aide de photographies prises pendant ses tournages, de portraits et de quelques passages emblématiques de ses films. Les murs rouges et blancs font écho à cette violence indissociable de la vie de l’artiste. Ce dernier y est d’ailleurs audacieusement comparé au Christ, ayant tous deux vécus dans la souffrance, sans jamais renoncer à leur dessein et ce jusqu’à une mort dramatique. Michel Chomarat explique à ce propos que l’exposition a été construite comme un chemin de croix dont les quatorze stations correspondent à quatorze moments-clefs de la vie du cinéaste. Une sorte d’hommage judicieux à celui dont toute l’œuvre est placée sous le double signe du marxisme et du christianisme.

"Pasolini, una vita violenta". Mostra a Lione
“Pasolini, una vita violenta”. Mostra a Lione

[idea]Info[/idea]”Pasolini, una vita violenta”
jusqu’au 10 août 2016
Bibliothèque municipale de Lyon,
30 boulevard Marius Vivier Merle, Lyon 3
www.bm-lyon.fr/Pasolini-una-vita-violenta