A Parigi assurda idea di intitolare a “Salò” un Social Club

Ha suscitato non poche perplessità e irritazioni la decisione dei titolari di un Social Club parigino di recente riapertura, situato in rue du Faubourg-Montmartre, di intitolare il locale al nome di “Salò”, anche sull’eco, sotto traccia, dell’ultimo film di Pasolini. Se è stata sventata l’ipotesi che lo spazio fosse destinato ad un ufficio o a una palestra, quanto meno discutile è tuttavia l’idea di ricorrere per un luogo di ritrovo e di divertimento a una parola che richiama il regime fascista e i suoi terrori, metafora  anche nel film di Pasolini della crudeltà infernale dell’arbitrio anarchico del potere. Una caduta di gusto e una mancanza di rispetto della storia che, su “Libération” del 18 ottobre 2016, ben rimarca François-Xavier Gomez  in un articolo che ci è stato segnalato da Michel Chomarat.  

“Salò”, ou le nouveau nom fâcheux d’un club parisien
Par François-Xavier Gomez 

                                             “Libération” – 18 ottobre 2016

C’est une bonne nouvelle pour la nuit parisienne : le Social Club de la rue du Faubourg-Montmartre, fermé en juin, rouvre ses portes sous l’égide des mêmes propriétaires, l’agence Manifesto, qui gère aussi dans la capitale le Silencio, le Wanderlust et les Nuits fauves. Le lieu ne sera donc pas transformé en bureaux ou en salle de gym, comme il en était question. Mais le nouveau nom, Salò, est polémique par les fâcheux souvenirs qu’il évoque.
Selon le site salo-club.com, il s’agit d’une «référence au chef-d’œuvre de Pier Paolo Pasolini» (et c’est d’ailleurs Abel Ferrara, auteur d’un film sur Pasolini, qui est le premier invité). Mais avant d’être un film, Salò est un symbole du fascisme mussolinien : dans cette ville thermale du nord de l’Italie, Mussolini, chassé de Rome et privé de tout pouvoir, avait installé en 1943 un gouvernement fantoche, sous la protection des nazis.

"Salò o le 120 giornate di Sodoma" (1975)
“Salò o le 120 giornate di Sodoma” (1975)

En 1975, Pasolini situe dans ce contexte son adaptation des Cent vingt Journées de Sodome, du Marquis de Sade. Des bourgeois, des juges et des ecclésiastiques y asservissent des adolescents, jouets de leurs obsessions sexuelles et de leurs instincts de meurtre. Le cinéaste avait brossé un tableau infernal où le fascisme déshumanisait les êtres et les transformait en marchandises, constat qu’il étendait à la société de consommation d’après-guerre.
L’admiration pour le Salò de Pasolini ne peut faire oublier la réalité historique dans laquelle il s’enracine: le régime mussolinien liberticide, allié de Hitler et complice de la politique d’extermination des juifs. Donner un tel nom à un lieu de divertissement, fût-il comme le précise le communiqué de presse «dédié aux mouvements alternatifs», relève pour le moins de la maladresse, de la faute de goût ou d’un cruel manque de discernement.
Le service de presse du Salò indique que l’idée du nom est venue d’Anne-Claire Gillet, alias Miss Dactylo aux platines. Sa proposition aurait reçu l’assentiment de toute l’équipe. Manifestement très pris par l’ouverture imminente du lieu, aucun responsable n’a pu (ou n’a souhaité) répondre à nos questions.